Pas de réussite sans conditions socioéconomiques décentes ! 

La défavorisation socio-économique étant le principal facteur de décrochage scolaire, il est impératif de mettre en place des mesures de lutte à la pauvreté permettant à l’ensemble des jeunes et des familles d’avoir des conditions de vie décentes. Lors de la consultation Interjeunes de 2015, des jeunes ont soutenu avoir décroché dans le but de gagner plus d’argent pour mieux subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. D’autres ont affirmé que leur processus de raccrochage scolaire avait été entravé ou reporté en raison d’un manque de ressources financières. Le ROCLD juge ainsi qu’il est impératif d’agir en amont pour lutter contre la pauvreté.

La médicalisation des difficultés et problèmes sociaux vécus par les jeunes

Membre du comité de coordination du Mouvement Jeunes et santé mentale, le ROCLD revendique une discussion profonde sur l’enjeu de la médicalisation des problèmes sociaux des jeunes. Devant les pressions au diagnostic et à la médicalisation que subissent les parents et les jeunes en difficulté, du manque de ressources psychosociales dans les écoles, des préjugés, de la stigmatisation et de l’intimidation auxquels font face les jeunes ayant un vécu associé à la santé mentale, nous jugeons qu’il est nécessaire de se pencher sur cet enjeu.

Le ROCLD appuie évidemment l’ensemble des revendications du Mouvement contenu dans la Déclaration commune, dont l’accès pour tous les élèves (sans exigence de diagnostic préalable) à de l’aide et de l’accompagnement psychosocial et éducatif répondant à leurs besoins.

L’inclusion de tous les jeunes 

À l’instar du Conseil supérieur de l’éducation, le ROCLD estime que l’inclusion possède le mérite de prendre en compte la dimension sociale du handicap entendu comme une entrave à la participation résultant de l’interaction entre les caractéristiques individuelles et les exigences du milieu (CSE, 2016 : 31). L’inclusion appelle ainsi à partir du fait que les apprenants sont par définition hétérogènes et que les pratiques en classes doivent s’y adapter.

L’inclusion devrait aussi être pensée en termes de mixité sociale et scolaire. En ce sens, le ROCLD est d’avis que notre système d’éducation produit une forme de ségrégation scolaire. Il dénonce le financement public des écoles privées et l’existence des programmes sélectifs basés sur la performance scolaire des élèves.

Mettre fin aux stéréotypes de genre

Il est démontré que les élèves qui adhèrent le plus aux stéréotypes de genre sont ceux qui décrochent le plus (Guerry, et al., 2016; CSE, 1999). La reproduction des stéréotypes de genre dans le système scolaire est donc susceptible d’entraîner le décrochage scolaire autant chez les filles que chez les garçons. Ainsi,  plutôt que d’encourager le déploiement de mesures ciblées, il serait souhaitable de sensibiliser les enseignants.e.s, les professionnel.le.s et le personnel scolaire aux stéréotypes de genre, à l’importance de l’égalité des sexes et d’offrir des formations à propos de l’analyse différenciée selon les sexes (ADS).

Le décrochage des filles, on doit également s’en préoccuper! 

On en parle peu dans l’espace public, mais le décrochage scolaire existe aussi chez les filles et on doit s’en préoccuper. Le décrochage scolaire des filles a des conséquences plus pénalisantes que celui des garçons. En effet, les conséquences économiques du décrochage marquent plus les trajectoires de vie des femmes qui connaissent plus fortement la précarité. Plus encore, au sein de la famille ce sont encore aux femmes à qui incombe la responsabilité d’accompagner l’enfant dans son cheminement scolaire et ses apprentissages, ce qui implique notamment le soutien lors de la période des devoirs et leçons. La sous-scolarisation de la mère a ainsi un impact significatif sur la réussite éducative. 

La reconnaissance des OCLD

Le ROCLD souhaite que la singularité du milieu de l’action communautaire autonome et son impact sur la réussite éducative des jeunes soit pleinement reconnus. Le ROCLD dénonce par ailleurs le fait que des organismes communautaires non-autonomes soient désormais mandataires du gouvernement pour offrir des services au détriment de ceux demandés par les communautés locales.