La défavorisation socioéconomique

Au Québec, l’origine sociale est le premier facteur déterminant de la réussite à l’école. Ainsi, le pourcentage de décrochage scolaire diffère drastiquement lorsque l’on compare les jeunes des milieux les plus favorisés à ceux des milieux les plus défavorisés.  

La défavorisation socioéconomique est une source de vulnérabilité pour les familles et individus qui en vivent. Les défis sociétaux comme la pandémie, la crise du logement et l’inflation du coût de la vie affectent en premier lieu les ménages à faible revenu. 

La pénurie des travailleurs, travailleuses et le rehaussement des salaires a un côté attractif plus important qu’avant et on observe sur le terrain de jeunes de milieu défavorisé qui vont se tourner vers le marché du travail afin de soutenir économiquement leur famille.  

Les inégalités sociales sont accrues et exercent une forte pression sur les jeunes et les familles. Rappelons que le cumul de difficultés est un important facteur de décrochage scolaire. 

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La médicalisation des difficultés des jeunes

Sur le terrain les organismes communautaires observent une croissance importante de la détresse chez les jeunes. 

Au Québec au niveau secondaire, les diagnostics pour des troubles de santé mentale et la prise de médicaments sont en hausse constante et atteignent des niveaux alarmants. 1 jeune sur 5 a reçu un diagnostic de troubles anxieux, de dépression ou de troubles alimentaires, 1 jeune sur 4 a reçu un diagnostic de TDAH et la prise de médicaments du type anti-TDAH a doublé entre 2011 et 2017. De plus, c’est 29% des jeunes qui étaient dans un état de détresse psychologique avant même la pandémie. 

Ces hausses ont lieu dans un contexte où l’accès aux services psychosociaux est largement insuffisant à l’intérieur comme à l’extérieur des murs de l’école. Plutôt que d’offrir le soutien nécessaire aux jeunes, on assiste à la médicalisation de leurs difficultés : des diagnostics médicaux sont apposés sur des problèmes qui souvent ne sont pas d’ordre médical (souffrance, deuil, caractéristiques personnelles, etc.). Au-delà de l’urgence d’agir, peut-on se pencher collectivement sur ce qui cause la détresse chez les jeunes ?

Est-ce la jeunesse qui est plus fragile qu’avant, ou serait-ce le système scolaire qui la rend vulnérable?

La pandémie a creusé le manque d’accès aux services de soutien psychosocial. De plus, vu les effets attendus et largement médiatisés d’une détérioration de la santé mentale des jeunes, nous sommes inquiets que la réponse apportée à leurs difficultés sera la médicalisation des problématiques familiales, sociales ou scolaires vécues, la hausse des diagnostics et des prescriptions de médicaments sans un soutien psychosocial adéquat

Tu veux passer à l’action et faire entendre ta voix face à cet enjeu ? Le Mouvement Jeunes et Santé mentale est un espace d’implication accessible et valorisant pour les jeunes de 16 à 35 ans. Viens jeter un coup d’oeil !

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La fracture numérique

Une portion grandissante de la vie scolaire d’aujourd’hui a lieu en ligne, et ce même au primaire. Avant même la pandémie et l’école à distance, le numérique s’intégrait aux apprentissages dans 76 % des écoles préscolaires et primaires du Québec. 

L’accès et la maîtrise des outils numériques sont devenus une condition essentielle d’accès à l’éducation. Or, le branchement à internet haute vitesse, la possession de plus d’un appareil numérique par ménage et les compétences numériques sont tous liés au statut socioéconomique ainsi qu’à la situation géographique des jeunes et de leur famille. Il y a une fracture numérique entre les jeunes de milieux favorisés et les jeunes de milieux défavorisés, combinée aux zones géographiques mal desservies par le réseau Internet haute-vitesse, qui impacte l’accès à l’éducation. 

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La reproduction des stéréotypes de genre

Une croyance populaire porte à croire que le décrochage est davantage l’affaire des garçons. En résulte une forte tendance à proposer des solutions genrées qui reflètent un modèle masculin stéréotypé, sans tenir compte des réalités et des intérêts même des jeunes garçons. 

On oublie alors que 40 % des jeunes qui décrochent sont des filles. Il faut d’ailleurs souligner que les conséquences économiques, sociales et familiales de l’échec scolaire sont encore plus importantes chez les filles (perspectives d’emplois, salaires inférieurs, charge familiale, etc.). Leur situation est donc tout autant préoccupante que celle des garçons en situation de décrochage.  

Cette dualité du décrochage affecte aussi les jeunes trans et non-binaires, qui en sont invisibilisé.e.s. Selon une étude réalisée par la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres de l’UQAM, « Les jeunes trans font état d’un faible sentiment de sécurité à l’école, ce qui a d’importantes répercussions sur leur cheminement scolaire (absentéisme, difficultés de concentration, réussite incertaine) » (Chamberland, 2010). 

Quand on ne se concentre que sur le décrochage des garçons, on oublie les conséquences réelles du décrochage pour tout le monde.

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