Et vous, êtes-vous prêts à vous impliquer en éducation?

Par Mélanie Marsolais, directrice générale du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCLD)

Chaque jeune a le potentiel de réussir, mais tous n’ont pas les mêmes moyens actuellement. Jusqu’à maintenant, la campagne électorale s’est penchée avec justesse sur les thèmes de la santé, de l’habitation et du transport. Or, force est de constater que les candidats évitent de se mouiller pour adresser notre système d’éducation qui échoue aux principes de l’égalité, de l’inclusivité et de la justice sociale.  

Comment se fait-il que le taux de décrochage soit en hausse constante, et particulièrement dans les milieux défavorisés? Que des jeunes préfèrent travailler plutôt que de poursuivre leur parcours éducatif? Que certaines écoles se détériorent tout comme la motivation de nos jeunes? 

Comprendre les causes du décrochage

En cette 4e édition de la Journée du refus de l’échec scolaire, je tiens à mettre en lumière, conjointement avec les 60 organismes membres du Regroupement des organismes de lutte au décrochage (ROCLD), les causes sociales et structurelles liées au décrochage scolaire. Il faut prendre le temps de les comprendre et, surtout, de trouver des pistes de solutions. 

Trop souvent le poids de l’échec scolaire est mis sur les épaules des jeunes ou de leurs familles, en invoquant des facteurs personnels comme le rendement, la motivation ou la persévérance. Pourtant, selon notre compréhension, il existe quatre causes structurelles claires au décrochage, et nous avons le pouvoir d’agir. 

D’abord, la défavorisation socioéconomique est une source majeure de vulnérabilité. Particulièrement depuis les deux dernières années, les inégalités sociales sont accrues et exercent une forte pression sur les jeunes et les familles. 

Ensuite, l’accès et la maîtrise des outils numériques sont devenus une condition essentielle d’accès à l’éducation. Or, le branchement à internet haute vitesse, la possession d’appareil électronique et les compétences numériques sont tous liés au statut socioéconomique des jeunes et de leurs familles. 

De plus, nous observons une croissance importante de la détresse et des diagnostics de troubles en santé mentale chez les jeunes. Alors que l’accès aux services psychosociaux est actuellement insuffisant à l’intérieur comme à l’extérieur des murs de l’école, une remise en question importante est à faire. 

Finalement, une croyance populaire porte à croire que le décrochage est davantage l’affaire des garçons. On oublie dans ce cas que 40 % des jeunes qui décrochent sont des filles et nous n’avons même pas de chiffres sur le décrochage des jeunes trans et non-binaires au Québec. Il y a une forte tendance à proposer des solutions genrées et stéréotypées qui ne tiennent pas compte des réalités et des intérêts des jeunes. 

Portrait national

C’est donc une accumulation de difficultés qui conduit les jeunes à décrocher et c’est en unissant nos forces que nous pourrons lutter contre ce phénomène. Le gouvernement doit enquêter et fournir un Portrait national du décrochage scolaire pour comprendre les situations vécues et leur apporter les solutions nécessaires. C’est également le temps pour le Québec de se doter d’un projet tangible pour un système d’éducation public égalitaire, inclusif, démocratique et porteur de justice sociale. 

Il importe de rappeler que la collaboration entre l’école, la famille et les organismes communautaires est une solution pour faire face aux défis multiples que vivent les jeunes. En tant que citoyens, on peut aussi s’impliquer et donner de son temps dans un organisme communautaire. 

Finalement, un vaste chantier aura lieu en 2023 pour sonder la population sur les enjeux criants du système d’éducation; ce sera l’occasion de prendre la parole lors de ces Forums citoyens. 

On estimait qu’en 2020, un jeune sur cinq était à risque de décrocher. Alors que nous ne pouvons brosser actuellement un portrait de l’état de notre jeunesse, j’en appelle à chaque parti politique lors de cette campagne. J’en appelle aux citoyens et citoyennes. Pensez à nos jeunes! Le contexte actuel nous offre collectivement des opportunités d’en faire plus, c’est le temps de passer à l’action! 

Texte paru dans le Journal de Montréal, le Journal de Québec et Qub

Journée de Refus de l'Échec Scolaire