Refuser l’échec scolaire impose de changer de politique

Un texte de Stéphane Vigneault, coordonnateur du Mouvement L’école ensemble.

L’équité est le moteur des systèmes d’éducation partout dans le monde. L’OCDE définit clairement le rôle moteur que joue l’équité dans les systèmes d’éducation : « Le statut socio-économique a une forte incidence sur la performance des élèves, mais dans les systèmes d’éducation plus équitables, davantage d’élèves défavorisés sont performants ». L’équité est donc tout autant un objectif en soi qu’un moyen de réduire le décrochage.

L’équité, ce n’est pas l’obtention des mêmes notes par tous les enfants ; c’est plutôt l’absence de lien entre le milieu d’origine des enfants et leurs résultats. On peut résumer en disant que l’équité, c’est l’égalité de chances.

Pas plus au Québec qu’ailleurs les enfants n’arrivent-ils à égalité sur la ligne de départ. Les systèmes d’éducation équitables permettent aux enfants vulnérables de rattraper les autres. À l’inverse, dans les systèmes inéquitables, les inégalités de départ se retrouvent telles quelles à la ligne d’arrivée.

Pourtant, le milieu de la lutte au décrochage scolaire a longtemps regardé ailleurs quand est venu le temps de considérer l’iniquité du système scolaire québécois et ses réseaux privé subventionné, public sélectif et public ordinaire. 

Comme l’écrivaient les chercheurs Marcotte-Fournier et al. en 2016 dans une analyse de l’effet entre le type de classe que deux enfants aux caractéristiques équivalentes fréquentent et leur performance scolaire, « alors que les impacts délétères de l’organisation scolaire sont souvent très peu considérés dans la prévention du décrochage, la présente étude montre ainsi que l’organisation “ségrégante” des groupes-classes influe sur une des variables les plus significativement associées au décrochage : le rendement scolaire ». 

L’acceptabilité sociale du tri des enfants par le système scolaire est en baisse constante. Le milieu de la lutte au décrochage doit rattraper le temps perdu et enfin appeler un chat un chat, même si cela jure avec l’idée que nous nous faisons de notre société : le Québec a, dans les faits, une politique de ségrégation scolaire. 

Quelques constats doivent s’imposer : 

  • Tenter de rapiécer le public ordinaire sans empêcher la sélection des élèves ne donnera rien. 
  • La recherche de l’équité devra guider les décisions à venir. 
  • Il faudra oublier l’école de l’entre-soi. 

Le 23 septembre, lors de la conférence organisée par le ROCLD à l’occasion de la Journée du Refus de l’Échec Scolaire, le Mouvement L’école ensemble présentera des solutions pour enfin parvenir au changement de politique dont le Québec a tant besoin. 

Journée de Refus de l'Échec Scolaire